Philippe Lacoche
La nouvelle est un genre difficile, exigeant. Un mot, une virgule, mal placés, un dialogue qui sonne faux et voilà le frêle édifice littéraire qui s’écroule. La nouvelle ne supporte rien : une poussière d’adjectif ou une goutte adverbiale en trop et la voici qui tourne le dos, et s’enfuit à grands pas, laissant le lecteur pantois, puis désarçonné. Serge Cazenave-Sarkis, non sans élégance, évite tous ces écueils. Ces sept nouvelles nous ensorcellent, nous envoûtent, nous intriguent, nous enchantent. La première, éponyme, « Embrassades et simagrées », distille le point de vue d’un enfant, intrigué par l’attitude de parents hors-norme et bien peu responsables. « Je l’aimais, moi, notre marginalité, même, si elle était due à notre situation la plupart du temps délictueuse… » finit-il par admettre. « Une maladie de trop » analyse les vices d’un pervers narcissique. « Acte manqué » scrute les angoisses d’un enfant qui se sent menacé par ses proches. Tout est suggéré et trouble dans les nouvelles de Serge Cazenave-Sarkis. Très réussi.
Philippe Lacoche, journaliste, Courrier Picard