https://www.facebook.com/serge.cazenaveRecueils de nouvelles



SERGE CAZENAVE-SARKIS. Nouvelliste.

Aux éditions de l'Abat-Jour
http://editionsdelabatjour.com/
Recueils de nouvelles:
2013 "HIRONDELLE OU MARTINET?"
2014 "AMIS IMPARFAITS"
2015 "AVANT TERME"
2016 "SANS PARTAGE"

2018 "Embrassades et simagrées" Bozon2X éditions.

2020 "ALLER OÙ". Collection poche LUMEN, des éditions de l'Abat-Jour.

2009 "Je me heurte aux fleurs", notes illustrées, à l'Atelier d'images - Patrice Goré.

Participations à "L'Art en chemin" 2018, 2019, 2020, 2021.

Donneur de voix à: "Je lis pour toi" - Ligue Braille Belgique.

2021 - ZONAIRES éditions: "Embrassades et simagrées" augmenté. https://www.zonaires.com/?p=3750 "Lire sans les yeux" - association Lisy. https://www.lisy.fr/ Ouvrages collectifs: Milan éditions- Mikado, J. Flament éditions, Past'elles éditions, revue L'Ampoule, revue Rue Saint Ambroise, revue Squeeze, recueil J.-J. Robert 2019, Poids Plume - Mots Nomades Production...

samedi 28 novembre 2015

Un papier du Tigre

Serge Cazenave-Sarkis – Avant terme

Editions de l'Abat-Jour, 106 pages.
Serge Cazenave-Sarkis - Avant termeUne dizaine de nouvelles d’un glauque assumé qui dépeint l’âme humaine en une teinte noir de jais, miam. Heureusement que cette compilation se lit à la volée, car la compréhension est parfois délicate à saisir. Même s’il ressort de la prose de Cazenave-Sarkis une intrigante beauté. En attente de confirmation de son talent. 
Il était une fois…
Petit copier-coller éhonté du quatrième de couv’ par votre serviteur ici :
« C’est d’abord un orphelin qui ne sait pas comment vivre, puis un homme qui ne cesse de mourir et de renaître ; c’est ensuite un enfant qui a grandi trop vite, et d’autres disparus trop tôt ; ce sont enfin des voix obsédantes, des visions de cauchemar, et un artiste que l’art n’intéresse plus : le tout forme ces onze histoires singulières, récits de rencontres avortées, de morts précoces et de trajectoires interrompues, où le temps brusquement s’arrête et les souvenirs demeurent scellés par le sang et la pierre. »

Critique d‘Avant terme

Voilà un bouquin comme je les aime ab initio. Couverture qui annonce la couleur, aucune prétention particulière si ce n’est divertir, une centaine de pages à lire en moins d’une heure, et la promesse de contempler quelque chose de relativement inattendu. Pour un premier livre reçu de la part de d’un éditeur indépendant, ça aurait pu être nettement pire. Car sur onze textes, y’en a au moins cinq qui m’ont particulièrement ravi (mes préférés étant Le Cube et Les Chenilles).
Ce qui est délicieux, avec Serge Cazenave-Sarkis (SCS par la suite), reste la polyvalence de sa façon de raconter ses histoires. Car la délivrance narratoire est variée (oh putain ne viens-je pas inventer un adjectif ?), entre texte intimiste et analyse plus objective. Certes l’utilisation de la première personne est la norme, toutefois les situations et maux sont suffisamment différents pour ne pas avoir l’impression de lire la même chose. Hélas, une bonne moitié des textes ne m’ont guère transporté. Ces derniers m’ont même semblé amphigouriques, comme si l’auteur voulait perdre le lecteur tout en lui offrant la possibilité d’interpréter ces suites de phrases – mon imagination de fonctionnaire européen m’en a hélas empêché.
Pour tout vous avouer, à peine si ma couille gauche a réagi à la lecture d’AgrégatsAvant terme ou Une Imposture. J’aurais pu bâiller si ça n’était pas correctement écrit. Et, au-delà de l’émotion (presque un envoûtement) provoquée par une suite de mots soigneusement choisis, la joie et l’optimisme se sont résolument fait la malle sous la plume de SCS. Décès, regrets, envies d’autotermination, dévoiement de ce qui est censé être doux (notamment la jeunesse ou l’amour), hallucinations maladives, pulsions primaires,… N’en jetez pas plus, c’est dans le pire de l’être humain que la littérature paraît le mieux s’épanouir.
Mon avis final ? J’ai été surpris. Globalement, dans le bon sens du terme puisque Serge est parvenu à parfois me rendre mal à l’aise. A chacun de ses textes, le fauve a pu apprécier une prose plus que correcte qui, par la seule disposition des mots, pardonnait des maladresses d’écriture (voulues ou non, aucune idée). Une forme de verbalisme qui place l’écrivain dans la position du Tout-Puissant délivrant ses textes obscurs, charge au lecteur de les comprendre selon ses sensibilités – en clair : ne lisez pas cet ouvrage en étant déprimé.
Thèmes abordés (du moins selon Le Tigre)
La maladie mentale reste une constante et atteint parfois de jolis sommets. D’un côté, des protagonistes subissent et tentent, tant bien que mal, de résister à leurs délirants cerveaux (par exemple dans Caisse n°7). On les sent au bord du précipice, à cause de leurs actions (prise de drogue dans Épitaphe) ou un mal plus profond, et prêts à salement finir en couille. De l’autre côté, il en est qui restent plus lucides par rapport à ce qu’il leur arrive, quitte à se laisser porter par leurs vices (Le Cube, ou baise facile avec une voisine fofolle). Voire aller plus loin afin d’avoir une idée du niveau de monstruosité où ils peuvent verser – Le cul des Yeux notamment, histoire assez dérangeante).
De même, les unités de temps de l’œuvre se situent souvent pendant l’enfance des protagonistes. Nous avons quelques exemples de péripéties peu communes justifiant qu’un homme tourne mal (Avant terme illustrant ce problème) ; d’autre part des adultes (toujours des hommes, c’est curieux) un peu barrés et pour lesquels on sent que la racine du problème est bien profonde. S’il y a de nombreuses références à l’adolescence ou les souvenirs, ce n’est jamais pour évoquer des moments heureux. Soit le narrateur les a oubliés face à la marée de merde qui s’est ensuite abattue sur lui, soit cette période censée heureuse ne l’a jamais été.
…à rapprocher de :
– Les nouvelles glauques comme je les aime également se retrouvent dans Un fauteuil pneumatique rose au milieu d’une forêt de conifères (paye ton titre), de Thibault Lang-Willard. Du très grand art.
– En plus violent et désespéré, mais avec des cas sociaux du même acabit, y’a Monstres de Mike Kasprzak qui squatte l’olympien blog.
– Dernier truc rigolo : y’a une blague dans une des nouvelles qui m’a fait tilter puisque je l’avais déjà lue dans En moins bien, d’Arnaud Le Guilcher : « une couille dans le potage, c’est un problème. Deux, c’est une recette ». Qu’est-ce que j’ai pu me prendre des râteaux avec ce bon mot. Un filtre à connasses, diront certains.
Enfin, si votre librairie est fermée, vous pouvez trouver ce recueil en ligne ici.