Avril
J-2 du premier tour de l'élection présidentielle.
Une demi-rue pavillonnaire oubliée. Quartier des hautes tours.
J-2 du premier tour de l'élection présidentielle.
Une demi-rue pavillonnaire oubliée. Quartier des hautes tours.
Il n’avait plus toute sa tête.
Il était sorti sans ses dents.
Sa mâchoire inférieure lui faisait comme un col
roulé.
Le visage en sang, il traînait derrière lui une
forte odeur de brûlé. Au carrefour, à deux pas de la boulangerie où il venait
parfois se fournir en croissants pour régaler ses amis, Papy V. comme on
l’appelait dans le quartier, s’effondra tête la première dans un amas de sacs plastiques que les vents d'hiver avaient accumulés contre le châssis d’une moto abandonnée.
Papy V. s’était installé dans ce quartier le
lendemain de sa mise à la retraite anticipée. Il y avait plus de vingt ans. Les
raisons de ce choix ? La tranquillité du lieu, la transposition d’un
souvenir paisible - Jean Gabin dans « Le jardinier d’Argenteuil »
(bien que l’on soit dans l’Orléanais), et le coût surtout. Le coût
incroyablement bas du mètre carré.
À cette
époque, tout n’était que roses à profusion, lilas, glycines et passiflores glissant
sur des hectomètres de grilles peintes en vert – et débordant sauvages sur les
trottoirs.
Étroites et
modestes, les maisons d’un étage étaient toutes semblables, sans exception.
Murs en brique et en meulière soutenant un toit en ardoise. Elles se
distinguaient les unes des autres par la couleur de leurs volets, leur nom, et
la petite céramique ornementale noyée dans l’épaisseur du crépi qui
surplombait l’imposte de leur porte d’entrée - papillons rouges, bleus, verts,
jaunes, cigales, anémones, épis de blé, et oiseaux de toutes espèces…
Remarquables aussi, les grincements des portillons en fer qui fermaient les minuscules jardins de façade - plaintes amoureuses, éperdues, lascives… provocantes ou discrètes, suivant l’apport en graisse appliqué sur leurs gonds par les propriétaires.
Remarquables aussi, les grincements des portillons en fer qui fermaient les minuscules jardins de façade - plaintes amoureuses, éperdues, lascives… provocantes ou discrètes, suivant l’apport en graisse appliqué sur leurs gonds par les propriétaires.
(à suivre... dans mon prochain bouquin... très bientôt, foi d'animal!)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire