MARIE CHEVALIER
Marie Chevalier De l'humour, de la tendresse, de l'horreur aussi et toujours ce petit brin d'enfance qui fait que ce qui est ignoble ou cruel parait presqu’anodin. Sa façon de le raconter sans doute? Peut-être une petite préférence pour « les courses »? Ou le » gonze »? Ou « des dents ! Des dents ! » Car en plus je vois très bien dans quel restaurant chinois l’histoire se passe, j’y allais moi-même très souvent, mais je n’ai jamais rencontré « la guenon », et puis il n’existe plus (le restaurant) l
En tous les cas bravo Serge, je ne le dirai jamais assez ne t’arrête surtout pas de nous surprendre avec tes histoires irréalistes ou … trop réalistes (rires !!)
En tous les cas bravo Serge, je ne le dirai jamais assez ne t’arrête surtout pas de nous surprendre avec tes histoires irréalistes ou … trop réalistes (rires !!)
(1) par MARIANE DESROZIERS
"Hirondelle ou martinet ?" de
Serge Cazenave-Sarkis (Editions de l'Abat-Jour)
Dans ce recueil de nouvelles de Serge
Cazenave-Sarkis, le lecteur part à la rencontre de l’humanité dans sa
diversité, avec toutes ses fragilités, ses failles et parfois aussi ses
bassesses et ses névroses. Dans un style parfaitement maîtrisé, cet auteur,
bien connu des habitués du site des éditions de l’Abat-Jour et en particulier
de la revue L’Ampoule, étonne, amuse et effraie tout en finesse
et sans pathos.
Autant l’avouer, quand j’ai lu les
nouvelles de Serge Cazenave-Sarkis, j’ai été un peu jalouse car j’aurais aimé
avoir écrit une nouvelle comme « Hirondelle ou martinet ? » qui
donne son titre au recueil. J’ai beaucoup pensé à l’écrivain Jean-Pierre Martinet
à la lecture de ce recueil de nouvelles. Comme l’auteur du génial
« Jérôme », Serge Cazenave-Sarkis parvient à nous faire toucher du
doigt ce qui fait de nous des humains : besoin d’amour, solitude, cruauté,
désespoir…
Le couple et la famille sont disséqués
sans ménagement par l’auteur qui se délecte de faire tomber les masques sociaux
que nous revêtons tous. Derrière des apparences banales, voire très comme il
faut, les gens se révèlent tout autre sous sa plume acérée. Il suffit parfois
de presque rien, en tout cas de pas grand-chose (un bruit dans les combles), un
grain de sable dans les rouages bien huilés de notre quotidien, pour faire tout
basculer. Heureusement, chez Serge Cazenave-Sarkis, la noirceur n’empêche pas
l’humour, bien au contraire : on rit souvent, on s’indigne parfois, on
frissonne presque toujours devant l’indicible enfin dit.
Ce qui marque dans ces nouvelles, c’est
l’audace dont fait preuve l’auteur. Il n’hésite pas à bousculer le lecteur…
voire à le manipuler comme le faisait Hitchcock dans ses films. Il parvient à
planter le décor de chacune de ses petites histoires avec brio, dépeint des
personnages auxquels on croit tout de suite car ils ont de l’épaisseur, sonnent
justes car terriblement humains. D’autre part, il sait faire grandir et maintenir
le suspens jusqu’à la fin, avec des chutes très travaillées qui laissent bouche
bée.
Vous pensiez les vieilles dames
inoffensives et rangées des voitures ? Eh bien, figurez-vous que la Tatie
Danielle d’Etienne Chatiliez n’a qu’à bien se tenir : vous ne verrez
plus jamais les grands-mères de la même façon après avoir lu « Les
courses » et « Madame Jacket ». Couple de vieux garçons
solitaires, mari au bord de la crise de nerf, grand-mère indigne, voisin
envieux, cousin venant au restaurant avec sa compagne très
« animale »… tels sont quelques-uns des drôles de personnages de
Serge Cazenave-Sarkis, souvent entre deux eaux, prêts à basculer vers
l’irréparable ― ou déjà de l’autre côté.
Ce recueil de 17 nouvelles existe dans sa
version numérique (format PDF, ePub, Mobipocket) que l’on peut acheter sur le site de l’Abat-Jour. La version papier sera imprimée et
commercialisée si et seulement si la barre des 100 souscriptions est atteinte
le 27 mai prochain : je compte sur vous pour souscrire sur Ulule.fr dès
aujourd’hui !
On parle aussi de ce recueil sur ce blog ami.
Une critique sur le blog le Souffle numérique ici et une autre sur le blog Labyrinthiques là.
On parle aussi de ce recueil sur ce blog ami.
Une critique sur le blog le Souffle numérique ici et une autre sur le blog Labyrinthiques là.
Publié par Marianne Desroziers à lundi, avril 22, 2013
Libellés : Critiques
littérature française
1.
Anonyme23 avril 2013
03:29
très intéressante
critique? Merci Marianne (Georgie)
2.
Bien d'accord avec vous
sur le côté très "humain" de toutes ces nouvelles. Les différents
personnages sont là pour nous montrer les pires vices que nous pourrions avoir.
C'est effectivement un très bon recueil !
C'est effectivement un très bon recueil !
3.
Merci d'être passé par ici Pierrick et au plaisir d'échanger avec vous sur
nos lectures communes : je ne sais pas si vous avez vu mais j'ai une rubrique
"livres numériques" sur ce blog, n'hésitez pas à y laisser des
commentaires. Pour revenir au recueil de Serge Cazenave Sarkis, il explore
l'humain dans toutes ses facettes y compris les moins reluisantes et je crois
que la littérature sert à cela aussi !
*
(2) PAR MARC LAUMONIER*
Vendredi 26 avril 2013
Amis lecteurs, amis
écrivaillons ! Plus que 30 jours pour souscrire au recueil de nouvelles de
mon ami Serge Cazenave (chez nos amis de ULELE, ici = http://fr.ulule.com/hirondelle-ou-martinet/
) : « Hirondelle ou martinet ». Certes mon ami ignore la différence
(pourtant aisée pour le commun des mortels) entre cet hirundinidé trisseur,
annonciateur du printemps, admirable migrateur, qui niche ensuite dans les
granges et les garages et l’apodidé martinet, fier, au cri strident (sriii
sriii…) et aux ailes en faucille, capable de dormir la nuit en volant à
plusieurs kilomètres du sol…/…Mais pardonnons-lui ses incompétences
ornithologiques et intéressons-nous à l’écrivassier !
Ces 17 nouvelles représentent le
nec plus ultra de ce que peut produire cet auteur. Et sont typiques de son
écriture et de son univers.
L'univers de ce libertaire ? Ah !
Terrifiant ! Dans le jardin de tous les jours, l'auteur plante allégrement ses
plantes vénéneuses avec - visiblement un amusement féroce, une nonchalance
inquiétante, une autocensure aux oubliettes !
Beaucoup d'assassins en série,
beaucoup d'artistes angoissants, beaucoup de crimes tous plus étranges les uns
que les autres, des quantités de blessés et de situations ineffables... Mais
beaucoup d'humour, de cet humour que l'on qualifie de féroce - je dirais même
immensément féroce - ; mais aussi une écriture bizarrement douce, proche des
gens, amicale, qui va droit au but ; ici pas de place pour des fioritures et
digressions poétiques : on ne connaitra pas la couleur du ciel ou la couleur de
la robe de la mariée ; pas de parenthèse ; non, on ne distinguera que les
tronches de ces gens "mal placés", de ces parias mal aimés, de ces
aigris, de ces malheureux ; ou des personnages « normaux » mais en
situation « extraordinaire » ; des morceaux de morve et de
larmes, parmi les cadavres.
Effectivement chez Serge
Cazenave-Sarkis, on tue rapidement ; après tout, on résout les problèmes ainsi.
Ce qui n'empêche pas une certaine "retenue", un certain allant de
tendresse (cf la merveilleuse nouvelle "masque brisé" qui est
inspirée d'une histoire vraie), il y a des situations ubuesques aussi,
surréalistes. L’écriture est simple : le début des nouvelles ainsi que la
chute sont très travaillés afin de ne laisser aucune chance aux lecteurs. Dans
ce monde de brutes, tout est cohérence. Ecrire des nouvelles est à la fois
simple et complexe, ici, l’auteur nous offre des textes étonnants qui piègent
le lecteur en un tour de main.
C'est inopiné et efficace.
Sincèrement pour 11 euro (y compris les frais de port) : que
risquez-vous ? A part faire des heureux et vous faire plaisir ?
Mais qui est Serge Cazenave - Sarkis ?
Vous l'avez peut-être déjà vu à la télévision dans l'excellente émission sur
Renaud (dont j'ai oublié le nom)(le nom de l'émission, n'est-ce pas... :))
c'est ce gamin de 16 ans qui envahit La
Sorbonne en mai 68 avec des potes (dont le futur Renaud) et qui a créé le Comité
Gavroche durant cette époque. Après avoir fait du théâtre et de la chanson, il
devient artisan d'art, et récemment s'est remis à écrire avec une sorte de
frénésie contagieuse et réjouissante.
là, il est ici à droite ; à gauche un de ses compagnons fidèles...
*
(3) PAR PIERRICK MESSIEN
Hirondelle ou Martinet ?
Publié le 2 mai 2013 par Pierrick MESSIEN
Aujourd’hui,
faisons une petite revue sur la dernière publication d’un éditeur numérique que
je ne connaissais pas jusque-là : les éditions de l’Abat-Jour. Un nom curieux
pour un éditeur plus curieux encore, dont la marque de fabrique est
l’anticonformisme. Tout un programme ! Bien que créées en 2010, les éditions de
l’Abat-Jour n’en sont qu’à leur quatrième publication, Hirondelle ou
Martinet ?, dont je vais vous parler ici…
Hirondelle ou Martinet ? est un recueil de nouvelles aussi
curieux que son titre, écrit par Serge Cazenave-Sarkis et fondé sur l’humour
noir. Il est assez important de préciser d’entrée de jeu que le
"noir" est particulièrement prononcé à travers ces différentes
histoires. La première nouvelle : "Madame Jacket" nous place dans
l’ambiance dès le départ, en décrivant une adorable vieille dame… qui décide de
massacrer sa famille entière ! Si ce récit en particulier est très amusant,
certaines nouvelles sont particulièrement rudes et pas joyeuses pour un sou.
Étant
adepte d’un humour noir gentil et décomplexé, j’ai vite compris que Serge
Cazenave-Sarkis ne faisait pas que rire à travers ses dix-sept nouvelles. Ces
dernières nous dépeignent finalement une humanité assez sombre et pleine de
travers. Hommes et femmes y sont menteurs, jaloux, paranoïaques, vicieux, fous,
assassins…
La
galerie de personnages nous présente des gens pour la plupart brisés,
abandonnés à eux-mêmes, impuissants. Certes, l’humour n’est pas totalement
absent du recueil, et certaines situations absurdes m’ont arraché des rires ou
des sourires, mais je garde l’impression que l’intérêt du recueil se trouve
davantage dans une critique acide de l’humanité plutôt que dans la drôlerie.
Tous
les textes de ce recueil ne m’ont pas plu, en partie parce que certains m’ont
parus opaques ou peut-être trop imagés. C’est le cas pour la nouvelle Hirondelle
ou Martinet ? qui donne son nom au recueil mais ne m’a pas vraiment touché.
En revanche, j’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur. Autant dans le
vocabulaire des personnages que dans les lieux visités, Hirondelle ou
Martinet ? sent bon le "terroir", un certain nombre de textes se
passant dans les bonnes vieilles campagnes françaises ! En ressort un style
très personnel et plein de caractère qui fait de la lecture du recueil une
expérience plaisante… quoi que parfois dérangeante !
Je
recommande ce texte aux lecteurs qui ont le cœur bien accroché, qui aiment que
leur humour noir leur soit servi bien corsé et qui n’ont pas une trop haute
estime de l’espèce humaine !
Si
vous faites partie de ceux-là, ce recueil numérique d’environ 110 pages est en
vente au prix de 3,99€ sur le site des éditions de l’Abat-jour.
Je
vous invite également à consulter le projet de financement Ulule du livre
sur cette page qui vous permettra de
financer l’impression du recueil et d’en recevoir un exemplaire papier pour la
modique somme de 11€.
Partagez cet article !
*
(4) PAR SEBASTIEN DE CORNUAUD-MARCHETEAU
*
(4) PAR SEBASTIEN DE CORNUAUD-MARCHETEAU
Hirondelle ou martinet ? — Serge
Cazenave-Sarkis
Posté le 7 mai 2013 par Sébastien
Classé dans Cazenave (Serge), Editions de l’Abat-Jour, Lecture(s), Nouvelles
1 commentaire
Classé dans Cazenave (Serge), Editions de l’Abat-Jour, Lecture(s), Nouvelles
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Hirondelle ou martinet
Serge
Cazenave-Sarkis
Éditions de l’Abat-Jour
Souscriptions et précommandes sur Ulule
Éditions de l’Abat-Jour
Souscriptions et précommandes sur Ulule
Hirondelle ou martinet ? Tel un Sphinx gardant jalousement
— un brin de cruauté mal dissimulé dans son œil vicieux — l’entrée du dernier
recueil de nouvelles de Serge Cazenave-Sarkis, ce titre, dans sa pose narquoise,
ne nous accorde dans sa forme interrogative qu’une maigre alternative. Ici
pas d’énigme, pas de mot de passe secret. C’est le principe même de la question
fermée : la bourse ou la vie ? La corde ou le flingue ? Hirondelle ou martinet
? Question fermée pour dire la fermeture, l’étroitesse rétrécissante du
monde Cazeneuvien. Un rétrécissement — de la vie, de l’espace, de la
société — que n’aurait pas dédaigné un autre grand amateur de romans noirs,
Boris Vian. Une fermeture qui s’accorde parfaitement avec la luminosité
ambiante. Plus noir que noir, comme le nouvel Omo, sauf que ça ne lave rien !
Car dans ce recueil, nos yeux, graduellement soumis à une noirceur croissante,
trouvent encore le noir trop saturé de couleurs et de lumières, et quand la
lumière nous parvient malgré tout, nous en suspectons immédiatement
l’origine : incendie criminel, déflagration d’arme à feu ou aube de la dernière
heure ?
Nul n’entre ici s’il recherche l’amour, la paix, la douceur de vivre… Tel
devrait être l’avertissement au lecteur inscrit en blanc sur noir sur le frontispice
de ce livre. En trois mot, comme en mille, ça va saigner ! Les humeurs vont
jaillir des corps, les âmes se déliter, devenir délétères, les masques tomber
d’eux-mêmes… Si certaines nouvelles vont flirter avec le cauchemar absolu
comme dans la nouvelle « Le Gonze » (dans lequel le narrateur m’a fait penser
à un tableau de Bacon peint au sabre plutôt qu’au couteau) beaucoup vont
jouer sur un humour très noir et très incisif, un regard perçant et sans complaisance
sur l’inhumanité, l’obscène. Un humour noir a 13°, ce qui pour un vin de table
tape plutôt fort… Gare au réveil douloureux ! Ce cynisme âpre, ou âcre (ça
dépend) distille un sentiment ambivalent : Ça rape ou ça dérape car « il suffit de peu de chose pour que tout bascule d’un côté comme de
l’autre » (Des dents,
des dents !). Car il n’y a rien qui rattrape le
rien dans ces nouvelles, tout semble engoncé dans une médiocrité, une mollesse
vile, une bassesse incomparable. Ce pourrait être les comices du village,
version Freaks revisité par
Hitchcock. Les hommes, les femmes, les maris, les épouses, les maîtresse,
les vieux, les adolescents, les enfants sont saisis au vif, dans leur
aigreur, leur viscéralité, leurs pulsions les plus crasses. Et quant aux
animaux… c’est pire ! Oiseaux, chat, chien, singes, tout y passe ! Reste une
question en suspend : n’y a-t-il rien qui nous rachètera sur cette fichue
planète ?
Serge Cazenave-Sarkis, certes, ne réinvente pas la nouvelle mais il en
exploite habilement les artifices et les artéfacts, surprenant le lecteur
par ici, le choquant par ailleurs. Le poursuivant sans relâche de son style
tranchant, il l’accule dans les retranchements de la narration : la lecture
s’en fait haletante, comme si nous mêmes étions poursuivis par je ne sais
quel détraqué, l’auteur en personne, qui sait ?
Parfois, rencontrant les unes glauques et hallucinantes des tabloïds
comme le Nouveau Détective, je me suis toujours demandé où ils allaient chercher
tous ces faits divers. Maintenant, je sais : ils lisent Hirondelle ou Martinet ?
Hirondelle ou martinet ? est également un projet porté
par une maison d’édition, L’abat-jour : le livre est disponible en version numérique
mais il est également proposé en souscription dans une
version papier. Pour voir le jour il faut que le projet atteigne
les 100 souscriptions : alors, à votre tour, laissez-vous tenter par ce
recueil noir et corrosif !
Poursuivre le cauchemar
§ Sur frenchpeterpan
§ Sur le souffle numérique
§ Sur le Pandémonium sur lequel figure également un entretien avec Serge Cazenave-Sarkis
*
(5) PAR SAMUEL DUDOUIT
*
(5) PAR SAMUEL DUDOUIT
Hirondelle ou martinet ?, Serge Cazenave-Sarkis
Serge Cazenave-Sarkis, Hirondelle ou martinet ?, Éditions de l’Abat-Jour, Avril 2013, 112 pages (ISBN : 979-10-90106-06-2), Genre : Nouvelles d'humour noir, Formats : PDF, ePub, Mobipocket, Prix : 3,99 €
Hirondelle ou martinet ? est un livre de nouvelles un peu noires, un peu jaunes, au style simple et direct qui laisse d'abord entrer le lecteur sans rien lui demander. Ce n'est qu'ensuite (mais très vite) qu'on se rend compte du tableau : les personnages de ce livre sont tous des monstres et pourtant cette monstruosité ne nous tient pas à distance car il devient vite clair qu'elle est celle de tout le monde. Rien que des individus banals jusque dans leurs travers, leurs défauts, leur bassesse, dans ces pages. Certains sont méchants par ennui, d'autres par dégoût, d'autres encore par hasard ou par fatalité mais tous finissent par tuer ou faire le mal comme on se fait du café, avec une sorte de tranquillité ou de calme qui ne signifie rien, sinon peut-être que celui qui fait le mal n'est pas à la hauteur de ce qu'il fait, qu'il ne voit rien d'autre que son petit ego et s'offusque, en petit propriétaire de lui-même, de tout ce qui peut lui arriver.
Quelles sortes de monstres ? Une vieille qui tue (et fait s'entretuer sa famille) par dégoût de sa progéniture (Mme Jacket), un couple de pompiste dont l'homme séquestre une petite fille dans une ancienne cuve à essence (Les caresses), un homme qui tue deux adolescents pour venger l'humiliation de son fils (J'avais) pour n'en citer que quelques-uns. L'auteur raconte cela dans une langue simple et alerte, non dénuée d'humour et ne fait aucune morale, ne juge personne. Tout est donné comme pris dans une logique, dans les hasards d'une vie ou les méandres d'une histoire que personne ne choisit. Les choses sont comme ça, on pourrait peut-être les changer (ça reste à voir) mais pas les juger, sinon d'un point de vue esthétique où l'humour noir serait le premier critère. Ces monstres sont des artistes au sens où « le Gonze » (le personnage de la nouvelle éponyme) l'entend : « Artistes, avons-nous choisi de l’être ? Et sinon, pour quelle raison le sommes nous devenus, et si nous le sommes devenus, n’est-ce pas que nous l’étions déjà ? Comme tout le monde, en émetteur-récepteur. Un peu plus récepteur que la moyenne, au début, et plus émetteur plus tard… Artiste n’est pas un métier ! Artiste doit rester une absurdité, une hardiesse ! Il n’y a pas de salaire au bout. Le bénef’ qu’apporte la création ne s’obtient qu’en provoquant l’accident, une grosse merde, quelque chose qui va nous déstabiliser et nous faire créer une monstruosité qui fera date dans l’histoire de l’art… ». Des artistes c'est-à-dire des individus lambda, peut-être un peu plus sensibles que les autres, qui, confrontés à l'absurdité de l'existence, au lieu de s'abstenir se voient contraints d'agir, « créer une monstruosité », provoquer « l'accident », la « grosse merde » déstabilisatrice. Aucun mérite et aucun travail dans tout ça, rien qu'une propension à la distraction, à l'absence. Ici, l'artiste est le spectateur de sa monstruosité en marche. Nul doute que s'il le pouvait il se condamnerait lui-même, non par narcissisme ou par rage d'autodestruction mais simplement par conformisme. C'est que le mal dont l'auteur décline le portrait dans ses nouvelles n'est en rien un acte mais la simple pente malheureusement naturelle du bipède sans plumes (un poulet plumé selon Diogène). L'auteur fait ainsi dire au même « Gonze » cette phrase de Gauguin : « Le métier vient tout seul, malgré soi, avec l’exercice, et d’autant plus facilement qu’on pense à autre chose que le métier » dans laquelle il suffit de substituer le mot mal au mot métier pour saisir ce dont, sous couvert d'humour noir et d'un grotesque assez exagéré, on nous entretient très simplement dans ces nouvelles.
Une fois le livre terminé, reste ouvert (bien que le ton du livre soit loin de mener le lecteur dans dans ce sens) le pourquoi d'une telle fascination pour le mal chez l'auteur. Est-ce parce que, comme il l'écrit, « L’âme n’existe que dans l’altérable et dans la multitude, dans l’errance. Dans le vivant qui pue ! Dans le grouillant… » ?
A noter : Une souscription est en cours pour la version papier du recueil de nouvelles de Serge Cazenave-Sarkis : précommandez votre exemplaire sur le site des éditions de L'Abat-Jour.
Samuel Dudouit
*
De Nikola Delescluse - émission littéraire - Université de Lille
*
De Nikola Delescluse - émission littéraire - Université de Lille
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