https://www.facebook.com/serge.cazenaveRecueils de nouvelles



SERGE CAZENAVE-SARKIS. Nouvelliste.

Aux éditions de l'Abat-Jour
http://editionsdelabatjour.com/
Recueils de nouvelles:
2013 "HIRONDELLE OU MARTINET?"
2014 "AMIS IMPARFAITS"
2015 "AVANT TERME"
2016 "SANS PARTAGE"

2018 "Embrassades et simagrées" Bozon2X éditions.

2020 "ALLER OÙ". Collection poche LUMEN, des éditions de l'Abat-Jour.

2009 "Je me heurte aux fleurs", notes illustrées, à l'Atelier d'images - Patrice Goré.

Participations à "L'Art en chemin" 2018, 2019, 2020, 2021.

Donneur de voix à: "Je lis pour toi" - Ligue Braille Belgique.

2021 - ZONAIRES éditions: "Embrassades et simagrées" augmenté. https://www.zonaires.com/?p=3750 "Lire sans les yeux" - association Lisy. https://www.lisy.fr/ Ouvrages collectifs: Milan éditions- Mikado, J. Flament éditions, Past'elles éditions, revue L'Ampoule, revue Rue Saint Ambroise, revue Squeeze, recueil J.-J. Robert 2019, Poids Plume - Mots Nomades Production...

lundi 27 janvier 2014

"Papy V." (L'histoire inventée de Paul Voise 1930/2013)


Avril
J-2 du premier tour de l'élection présidentielle.
Une demi-rue pavillonnaire oubliée. Quartier des hautes tours.

Il n’avait plus toute sa tête.
Il était sorti sans ses dents.
Sa mâchoire inférieure lui faisait comme un col roulé.
Le visage en sang, il traînait derrière lui une forte odeur de brûlé. Au carrefour, à deux pas de la boulangerie où il venait parfois se fournir en croissants pour régaler ses amis, Papy V. comme on l’appelait dans le quartier, s’effondra tête la première dans un amas de sacs plastiques que les vents d'hiver avaient accumulés contre le châssis d’une moto abandonnée.

Papy V. s’était installé dans ce quartier le lendemain de sa mise à la retraite anticipée. Il y avait plus de vingt ans. Les raisons de ce choix ? La tranquillité du lieu, la transposition d’un souvenir paisible - Jean Gabin dans « Le jardinier d’Argenteuil » (bien que l’on soit dans l’Orléanais), et le coût surtout. Le coût incroyablement bas du mètre carré.
 À cette époque, tout n’était que roses à profusion, lilas, glycines et passiflores glissant sur des hectomètres de grilles peintes en vert – et débordant sauvages sur les trottoirs.

 Étroites et modestes, les maisons d’un étage étaient toutes semblables, sans exception. Murs en brique et en meulière soutenant un toit en ardoise. Elles se distinguaient les unes des autres par la couleur de leurs volets, leur nom, et la petite céramique ornementale noyée dans l’épaisseur du crépi qui surplombait l’imposte de leur porte d’entrée - papillons rouges, bleus, verts, jaunes, cigales, anémones, épis de blé, et oiseaux de toutes espèces…
 Remarquables aussi, les grincements des portillons en fer qui fermaient les minuscules jardins de façade - plaintes amoureuses, éperdues, lascives… provocantes ou discrètes, suivant l’apport en graisse appliqué sur leurs gonds par les propriétaires. 

(à suivre... dans mon prochain bouquin... très bientôt, foi d'animal!)

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